Anne et Jean de Kervasdoué
Anne et Jean de Kervasdoué
Malou,
Ta voix claire sonne encore à mes oreilles pour me parler de tes dernières lectures auditives, celles que tu te réservais le soir quand tu étais tranquille après avoir travaillé sur le catalogue raisonné de Lad pendant plus de 4 heures.
Elle s’était assombrie la semaine dernière, voilée par l’angoisse et les douleurs. Tu ne voulais pas aller à l’hôpital à l'exception de Montsouris qui n’a pu te prendre.
Tu as choisi de rester chez toi dans ta belle maison au milieu de toutes les oeuvres de Lad et des artistes qui te sont chers.
Depuis longtemps, tu avais tout organisé pour que les choses soient simples pour ceux qui maintenant s’occupent de ce que vous laissez, Lad et toi, y compris cette cérémonie à laquelle nous regrettons de n’être que par la pensée.
Je suis tellement triste de ne pas avoir eu le temps une fois encore de te dire au revoir ni te redire que je t’aimais. Jusqu’au bout je t’ai crue éternelle. Tu étais la jeunesse même, encore si vibrante, pleine de passions et de projets à réaliser.
Après la mort de Lad, tu m’as demandé de dire quelque chose sur toi au moment de ta mort. Nous avions commencé une conversation sur ce sujet mais nous n’y sommes jamais revenues. Tu m’as dit avoir eu une enfance de rêve, la grande tristesse de perdre ton père à 57 ans, et la joie d’une vie passionnante très remplie. Hôtesse de l’air, tu as eu le courage après le crash de l’avion d’évacuer tous les passagers, malgré les terribles brulures dont tu as longtemps souffert.
Malou, tu étais une femme extraordinaire : curieuse de tout et des autres, généreuse, attentive, cultivée. Grâce à toi, Lad a survécu à sa maladie, heureux. Tu étais sa bouée, son Nord, son pilier, sans jamais peser ni t’imposer. Il savait qu’il te devait d’être le grand artiste que nous avons tant chéri. « Sans Malou, je serais devenu un clochard » nous a-t-il confié un jour. Grâce à toi, il laisse une œuvre a laquelle, cela ne va pas tarder, l’histoire rendra grâce.
Il t‘aimait tant ! Il savait, et le disait, que sans toi il n’aurait pu réaliser tout ce qu’il a fait, devenir et rester ce qu’il a été.
A vous deux, vous formiez un couple fabuleux, complémentaire, tolérant et aimant. Il émanait de vous une lumière, une jeunesse, une générosité qui faisait du bien à tous ceux qui vous approchaient. De chez vous, nous sortions avec des étoiles dans les yeux et des rêves dans la tête.
Nous te devons des moments inoubliables de chaleur, d’intelligence, de beauté.
Nous t’aimions.