Dominique de Villepin
Dominique de Villepin
Dominique de Villepin
Homme d'état
Retranscription du discours de Dominique de Villepin à l'occasion du vernissage de l'exposition "La grande utopie de KIJNO" le 17 Mars 2017
Chère Malou,
Monsieur le Maire, cher Emmanuel Lamy,
Cher Arnaud Péricard,
Et cher Renaud Faroux, Commissaire de l’exposition
D’abord je dois dire que c’est pour moi une immense émotion.
Le choc en rentrant dans ce lieu merveilleux, ce lieu habité par Lad est tout à fait extraordinaire, encore plus quand on se heurte à cette «Kijnosphère» qui reflète si bien le monde qui était le sien, le monde dont il a dérivé qui est un monde de l’art.
Un monde de l’art où tout est rencontre et je dois saluer l’intuition géniale qui est celle de cette exposition, ce titre «La grande utopie» parce que je crois qu’elle fait justice, elle rend justice à un homme qui très tôt a eu l’intuition d’une ambition hors du commun.
«La grande utopie» oui c’est bien cela dont il s’agit et qui montre bien à quel niveau s’élève le regard, l’œuvre, l’humanité, la générosité de Lad Kijno.
«La grande utopie», imaginez que le dialogue entre les artistes puisse se faire à travers les siècles où Uccelo, Mantegna, peuvent dialoguer avec Robert Combas que je salue comme Geneviève.
«La grande utopie» de l’art où la poésie rencontre et voisine la peinture.
«La grande utopie» d’un monde où la philosophie dialogue avec la peinture.
«La grande utopie» où l’homme se retrouve au centre.
Et, Renaud Faroux me faisait remarquer sur chaque tableau tout à l’heure à quel point Lad ne s’enferme dans aucune école, dans aucune chapelle, aussi grande soit elle.
Bien sûr, la station lyrique plus souvent l’étiquette qui lui fût accolée, mais il y a dans chacun de ses tableaux un centre, une image de quelque chose qui dépasse et qui déborde, une sphère, un cœur, un cœur qui bat.
Et cette force, cette originalité montre bien son souci toujours d’aller plus loin et cette ambition me touche, je crois pouvoir dire, nous touche tout particulièrement aujourd’hui.
Nous ne sommes pas dans n’importe quel monde, nous sommes dans un monde plus que jamais blessé, plus que jamais douloureusement échaudé par des drames, des drames qui retrouvent ici l’écho, l’écho de ce que fut et de ce qui continue à être l’œuvre de Lad Kijno, ceux qui souffrent, les réfugiés, les laisser pour compte, tous ont une place dans cette œuvre, tous ces visages froissés, toutes ces images cabossées rendent compte d’un monde où l’art, l’humanité sont en permanence l’acteur principal.
«Grande utopie» encore quand il s’agit de donner un espoir à l’homme et quelle leçon pour notre temps, un espoir quand il s’agit de donner une direction à notre ambition, à nos sociétés, quand il ne s’agit de ne jamais séparer l’homme de sa vie et l’on retrouve partout cette histoire qui dépasse en permanence l’œuvre qu’il fait.
La guerre du Vietnam, Angela Davis, la guerre d’Algérie auparavant et tant d’images contre lesquelles il s’est battu, la guerre d’Irac qui l’avait si profondément blessé, en permanence ce refus de cette fatalité, en permanence le souci de pousser vers l’avant ce coeur de l’homme qui peut tout changer.
Car en effet, «La grande utopie» d’y croire encore quel que soit les épreuves, quelques soient les difficultés, c’est bien ça qui fait que Lad continue de nous parler, cet espoir qu’il nous apporte, ces paroles qui continuent d’être si vivantes dans chacun de ses tableaux, je crois que le regard que beaucoup porteront sur ces œuvres montre à quel point l’ambition est unique, l’ambition est immense, l’ambition de quelque chose d’autre, d’un monde meilleur est constamment présente, et je dois dire un grand bravo à la Mairie de Saint-Germain d’avoir pris une initiative de cette ambition, un grand bravo au Commissaire de l’exposition parce qu’il nous donne à revoir l’œuvre de Lad, et Lad ce grand artiste, cet ami il est présent dans chacune de ses œuvres, il est présent parmi nous ici et il y avait dans le cœur de Lad et combien de fois avec Marie-Laure nous l’avons vécu dans les déjeuners du dimanche constamment ce souci de donner. Et c’est en cela un artiste très singulier, voilà un artiste qui ne comptait pas, voilà un artiste qui ne se souciait pas des fins de mois, voilà un artiste qui faisait partager son œuvre avec le seul souci de faire vivre l’art, pas la côte de l’artiste et l’on voit bien que la côte de l’artiste finalement au bout du chemin elle sera là quand même parce que cette œuvre est plus forte que le marché, elle est plus forte que les petits accommodements et les petits intérêts, il y a là un homme, un homme qui porte depuis La grotte de Lascaux toujours la même ambition de changer le monde, donc pour cette grande utopie, merci au cœur de l’œuvre ne l’oublions pas, il y a une figure qui est présente partout c’est celle de Malou, qui est presque dans son avion de chasse ce soir et qui est la figure si belle qui l’accompagne, qui l’a accompagné et qui nous donne tant d’amitié et tant de joie.
Merci Malou et merci à vous tous d’être là ce soir.