Bernard
Noël
Bernard Noël
Bernard Noël
Poète
UN NOUVEAU REGNE ET SON ANATOMIE
Les formes peintes par KIJNO ne sont pas aimables, ni le séduisent. Elles pèsent plutôt.
Elles sont lourdes d’une proximité, qui n’est pas la sienne, pas la nôtre – qui n’est pas de la présence, mais du rassemblé. KIJNO ramasse et simplifie : il ramène à la source, au natif, à l’originel. Peu de traits, beaucoup de rhizomes, de bulbes, de gonflements. Nous sommes dans l’organique, même s’il a parfois une peau de métal. D’ailleurs, quand il paraît machinal, cet univers-là suggère l’apparition de circuits nouveaux fonctionnant par osmose et non par transmission mécanique (…)
KIJNO préfère le brutal à l’élaboré. Sa maîtrise est dans le geste qui saisit, pas dans celui qui domestique. Il froisse pour rester dans le mouvement, et que le monde ne cesse de lui sauter aux yeux. Le froissement est son utopie réalisée d’une surface altérée de regard comme le regard est altéré au monde.
Source : « Ladislas Kijno – Pinos froissage » Collection « monographie » Edition Cabinet du dessin