Jean-Marie Dunoyer
Jean-Marie Dunoyer
Jean-Marie Dunoyer
Critique d’art
Les Stèles pour Neruda de Kijno ont éclaté comme une bombe dans la quiétude de cet hiver finissant.Leur puissance, leur fougue, la chaleur humaine, surtout, qui s’en dégage, font pâlir les autres manifestations (…)
Ce n’est pas la première fois que je tente de pénétrer une peinture qui n’a nul besoin d’un retour à la figuration – Kijno s’y pourrait tailler une jolie place à en juger par le portrait de PABLO NERUDA ressuscité en quelques traits – pour exprimer ce qu’il a dans la tête et dans le cœur, pour faire passer la communication. C’est ça, le mystère, qu’on expliquera pas seulement par l’originalité formelle de ces gigantesques grappes, de ces coffres béants, toutes entrailles au soleil – ce n’est qu’une métaphore, tout est transposé, tiré des tripes de l’artiste, pour autoriser une référence quelconque a du déjà vu, -de cette technique nouvelle de la toile froissée, resserrée ou épanouie qui, par ses replis, confère aux couleurs une vibration plus forte, un langage plus complexe et plus étendu. Déjà les papiers froissés dont, on retrouve la somptuosité avec ceux qui, en quelque sorte, ont servi d’ébauches aux Stèles, nous avaient depuis pas mal d’années accoutumés à une matière frémissante.
Source : Stèles pour Neruda, dans «Le Monde» 1976