René
de Solier
René de Solier
René de Solier
Historien et critique d’art
«Dans l'aventure des signes, tentées par Kijno avec bonheur, il ne s'agit pas d'un retour à la tradition, mais d'une poursuite du mystère et de l'insolite dans le labyrinthe, ou sur l'échiquier. Un nouvel hybride est né, fidèle à la tradition (peindre, dessiner, former, ne pas s'en tenir à l'évidence). Et pour le critique, pour l'être qui regarde, décrypter ou tenter de décrypter c'est entendre, encore voir. L'oeuvre est présente avec tout son réseau de significations. Sous quelles dominantes ? L'interprétation, l'imagination symbolique, l'œucuménisme du symbole».
«Il y a, chez Ladislas Kijno, comme dans tout être expansif, un curieux mélange, combien rare et sympathique, vrai, vous le devinez : humilité, chaleur, passion, tempête, bouillonnement, exultation, prolifération, maîtrise, audace, inquiétude... Brio, silence. L'aura du créateur en témoigne, pour qui sait voir. Mais surtout nous voudrions mettre l'accent sur la générosité et la passion. Il n'est pas facile de se taire quand on est emporté ; il faut dire, il faut faire, construire, afin d'échapper à la folie, de sortir du tourbillon».
«La qualité de la peinture de Kijno doit à la netteté des couleurs, à leur vie. Ladislas est amoureux de pigments nouveaux, et savant dans cette science des couleurs "fraiches", vives. Plus d'une fois on a l'impression que l'expérimentation-expérimenté voudrait ouvrir, pétrir et fondre, livrer le creuset, depuis les impressions rétiniennes, les activités de la main au labour. Main de chasse, qui dispose des outils-griffes, d'une taraude et de la flèche, des armes du chasseur, nomade, familier des guets : dangereux, insidieux, maussades, victorieux, prompts à réagir (et à "épouser" une cause). Sans utiliser les débris du gîte, traces et empreintes».
Source : KIJNO Le musée de poche, 1972
Musique / Stravinsky
Kijno fortement influencé par son père violoniste n'a cessé d'établir des rapports avec des compositeurs et chefs d'orchestre, en particulier avec Henri Dutilleux, Olivier Messiaen, Elzbieta Sikora, François Bayle et Jean-Claude Casadesus avec qui depuis longtemps, il dialogue sur les rapports de la gestique musicale et la gestuelle picturale. Avec Elzbieta Sikora, compositeur polonaise, il analyse surtout le rapport des sons et des couleurs.
Source : Catalogue de l'exposition Kijno, Galerie Henri Creuzevault, Paris, 1963
Travail en series
"Toiles-témoins et techniques alliées à la recherche créent des conditions nouvelles, modifient la marche ou la texture du calcul. Dans le champ de l'oeuvre de Kijno s'effectuent des séries d'opérations ; dans le langage du peintre un mot souvent revient, caractéristique d'une prédilection (et d'une discipline en musique) : séries, "Je travaille par séries ; j'ai besoin de faire de nombreuses séries pour comprendre ou j'en suis".
Source : Catalogue de l'exposition Kijno, Galerie Henri Creuzevault, Paris, 1963