Hélène Parmelin
Hélène Parmelin
Hélène Parmelin-Pignon
Ecrivain
(…) Car toute cette force folle et contradictoire et rayonnante et sombre, toute cette souffrance sans remède peint la peinture de Kijno.
Peinture singulière, qui est avant tout une peinture de présence, le plus rare dans les temps d’absence au pinacle que nous vivons. Peinture singulière, qui s’affirme hors classifications, toute histoire d’abstraction ou de figuration abolie (…)
(…) Il fut un temps où l’art abstrait ventait son pouvoir «moderne» de peindre «le monde intérieur» de l’artiste: comme si Van Gogh n’avait peint que le monde extérieur.
Il fut un temps où l’art figuratif disait «innover» en «déformant»: comme si le Greco avait été photographe, ou Ingres hyperréaliste.
Kijno, lui, ouvre un monde non défini par une catégorie, où sa joyeuse souffrance et son effervescence sévère balaient les genres plastiques, souvent même envers et contre son discours.
Et c’est entre autres en cela que, dans ce monde d’art moderne qui a cessé de l’être en proclamant officiellement son avènement, Kijno apparaît moderne dans sa création. Avec toute sa bienheureuse folie ronde.
Source : Dans la préface du catalogue de l’exposition «Kijno» au Centre Noroît, Arras, 1983