Lydia Harambourg
Lydia Harambourg
Lydia Harambourg
Historienne et critique d’art
A écrit dans «L’école de Paris 1945-1965»
Dictionnaire des Peintres, Editions «Ides et Calendes» Paris, 1993
D’origine polonaise côté paternel, celle picarde du côté maternel fait émigrer la famille à Noeux-les-Mines en 1925. L’enfant grandit dans un environnement musical – son père premier prix de violon au conservatoire de Varsovie le violon le soir après son travail dans les mines - et rural, tout en subissant l’influence rousseauiste de son grand-père maternel forgeron, mais aussi poète et philosophe. Très tôt il se passionne pour le dessin, représentant tout ce qui l’entoure. Poursuit des brillantes études classiques à Arras (1936). A cette époque entreprend une série d’allégories au fusain où apparaît le thème de la boucle que reviendra tout au long de son œuvre. Découvre dans une revue Picasso et les dessins de Pignon sur les mineurs. 1938-1942 études de philosophie et crise mystique. De graves problèmes de santé l’obligeront à des réguliers séjours en sanatorium au Plateau d’Assy.
Y fait sa première exposition sur le thème des Jeux d’échecs. Pendant plusieurs années, il assimilera l’intégration de l’art moderne à l’église d’Assy dont la décoration placée sous la direction du chanoine Devémy et du Père Couturier, sera assurée par Rouault, Matisse, Bonnard, Lurçat, Bazaine, Braque, G. Richier, Léger, Lipchitz, Chagall. En 1949 Kijno reçoit la commande d’une Cène pour la crypte. Des violentes réactions accueilleront l’œuvre. Correspond avec Claudel, milite auprès de Lanza del Vasto. 1947 sa rencontre avec Germaine Richier dans son atelier, avenue de Châtillon, par l’intermédiaire de Claude Mary, son élève la plus proche est décisive. Germaine Richier aura une forte influence sur le débutant qui fait aussi la connaissance de son époux René de Solier. Il décide de se consacrer à la peinture. Les circonstances pratiques ne lui permettent alors que de réaliser des dessins et des gouaches: thème des violons et violoncelles, études des musiciens et intérêt pour les instruments en cuivre pour leurs formes complexes.
Les formes sphéroïdes et ovoïdes – sous l’influence de l’œuf, symbole de la forme absolue – pour lesquelles il éprouve une forte attirance, amènent les rythmes courbes à devenir de plus en plus abstraits, car pour Kijno «l’univers est une expansion courbe; l’énergie, la matière sont symboliquement comme une boule» (entretien avec le peintre). Premières recherches sur les papiers froissés («L’enfant naît froissé, et, avec le vieillissement l’homme meurt froissé, c’est une constatation biologique, mais se défend d’être un théoricien») ce qui domine ce sont l’instinct et la rigueur (Id. entretien), et l’espace sériel sculpto-pictural.
Il compare son travail à Assy à une «île flottante dans ma vie (1949-1950). Assy a détruit pour moi le phénomène figural» (entretien avec Solier). Il veut trouver des équivalences plastiques, des relations rythmiques. D’où les courbes citées plus hauts qui prennent de plus en plus d’importance.
Source: catalogue de la rétrospective Kijno au Musée Russe d’Etat Russe de Saint-Pétersbourg, 2006, Palace Editions