Gérard BOSIO
Gérard BOSIO
Gérard Bosio, Vence juillet 2016
Diplomate Historien
Des nouvelles pour Malou …
Ladislas Kijno, le Cardinal Rouge
Malou Kijno, l’inséparable au sang bleu
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Une nouvelle de Cagnes-sur-Mer
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LADISLAS, "l'ami plus que frère" depuis si longtemps, assiste au vernissage de son exposition, en l'été 1994, au Château de Cagnes-sur-Mer.
Au dernier moment qui précède la phase des discours parfois assommoirs, les édiles municipales du lieu me reconnaissent comme l'un des leurs – un élu – mais surtout comme un ami de l'artiste. Monsieur le Maire me demande alors, en surprise, un discours académique d'ouverture sans répétition préalable. Une sorte de piège d'Élu dont on ne peut s'extraire. Ni Ladislas ni Malou ne savent que je suis là et surtout que j'ai nouvellement plongé dans le chaudron des Élus qui ont aussi charge d'inauguration de chrysanthèmes. Ils me croient toujours Diplomate ou Conseiller Culturel. Caché entre deux colonnes du patio, Monsieur le Maire "me passe" le micro en me priant comme technicien et ami, de parler de l'artiste ; en fait d'en faire le vrai Élu du jour. Le propos commence neutre, académique, professoral. C'est une confrontation entre le commentaire esthétique voir historique et le débordement vers l'amitié, la complicité. Il ne peut y avoir que transgression tant les liens que Kijno entretient avec ses frères sont denses et même débordants voir subversifs (1). Vient alors le temps de s'insurger, au grand dam d'un certain auditoire, contre ces sarts ces brandisseurs de pinceaux ou soudeurs qui sont la neutralité même des convoyeurs d'absence lorsque leurs expressions, leurs mots, traits, gestes ou couleurs n'offrent ni ne confèrent aucune émotion, aucun sentiment, aucun lendemain donc l'absence de Beauté – la vraie Beauté celle de l'École d'Athènes comme de Karl Marx (2). Et de traiter à ce moment Ladislas Kijno au contraire de ces méduses urticaires "d'apporteur"de sensations, de verbes et "couleurs - sentiments", à l'essentiel, d'Émotions. Je pressens Kijno derrière moi. Il s'est faufilé comme un chasseur. Il trépigne, fulmine puis harangue en sourdine ses voisins pour découvrir l'intrus qui entre ainsi dans sa vie, son histoire, sa religion. Alors au comble quittant la surmultipliée, je passe en prise et interpelle son passé, ses engagements, sa solidarité exemplaire, ses amours et sa Lou, sa Malou. Cette interpellation est nourrie avec précision de nos affections pour l'Autre, de nos aventures communes en Hongrie pour reconquérir la liberté de la culture, de la rencontre avec l'Afrique noire souffrante nourrie de ses arts mystérieux comme premiers, de la découverte de la Chine bouddhique et révolutionnaire ... enfin de ces voyages sans retour au coeur de la femme mystère de l'amour – tant d'offices individuels et partagés célébrés dans la chapelle intime de la Religion de l'Homme. Ne pouvait être omise de citation sa fidélité si particulière et engagé aux idéaux malmenés, son grand espoir du partage. Et d'en conclure à ce point, lorsque l'on cherche désespérément le bon cap, que Kijno est un artiste cardinal, pas l'officiant orthodoxe mais un "Cardinal Rouge". Ce LAD nous aura tous émus un jour ou l'autre comme MALOU nous aura tous séduit un jour ou l'autre. Ces deux êtres sont aussi admirables que les oiseaux exotiques de Saint-Jean-Cap-Ferrat "Les inséparables". Et quelle femme ne pourrait qu'admirer cette infirmière incessante de la vie : ma Lou au sang bleu. N'en pouvant plus, le Cardinal cabot, jubilant, se mis à grogner contre celui qui dévoilait ainsi ces coeurs, ces émotions et peintures de sa vie. Du rouge il vira au blanc, enfin il me reconnut. Nos regards et nos mains se sont croisés. À cet instant il faisait plus chaud surtout dans nos âmes et pourtant le froid du futur nous saisissait. Les joies des passés et victoires n'effacent pas les angoisses du futur. Souscrire ou s'adonner à la Beauté c'est aussi mourir plus vite. Ladislas Kijno est parti trop tôt. Avec Malou, ils ont cherché la voix du Bouddha, le chemin de la liberté, le sens de l'Amour. Il est bon d'avoir vécu près d'eux. Et d’en finir... Ladislas Kijno à cet instant découvrant le secret et devenant bien l'Élu le premier du jour m'arrache le micro avec son énergie coutumière et débordante. Il voulait répondre à l'attente de chacun dans l'auditoire à ces mots jetés en pâture qui avait posés ces questions du sens donné à la vie, de cet extra-ordinaire artiste, de ce Cardinal Rouge. De ses mots, des larmes sont tombées. Encore aujourd'hui tous nous les offrons à Malou. Je n’ai jamais retrouvé, si simplement dans une rencontre publique, une telle émotion. Il n’est pas vraiment parti tant sa trace laissée de Beauté et de bien est marquante car KIJNO marque au fer rouge. Et si dans les rêves d’aujourd’hui vous souhaitez encore découvrir une Beauté de vie, "une femme de rêve", appelez-nous, nous vous donnerons le fil de vie de MALOU.
1 – Poésie de Léopold Sédar Senghor
2 – Karl Marx "Quand l’homme a pourvu à toutes ses taches … il lui reste à accomplir que des œuvres de Beauté".