Jean-Jacques Leveque
Jean-Jacques Leveque
Jean-Jacques Levêque
Ecrivain et critique d'art
Dans le catalogue de l'exposition Kijno "Signes et gestes" en hommage à Henri Creuzevault, Galerie Henri Creuzevault, Paris, 1975.
Le langage de Kijno est celui d'une énergie. Aux accents parfois douloureux mais à la frénésie souvent dominée, maîtrisée. Car cette peinture fonctionne au galop, au sprint final, à l'envol, au décollage ultra-rapide du pinceau dans la manipulation des encres et des couleurs.
Peintre du coeur, elle apporte un accent neuf, essentiel dans une société progressivement déshumanisée. Ayant pris le relais des premiers chantres de cette modernité née avec le siècle, elle a dépouillée le mythe de ses mensonges.
Kijno a lucidement compris qu’un monde nouveau s’annonçait qui ne pouvait exclure l’homme, et qu’en conséquence il convenait d’aménager la machine de telle sorte qu’elle ne l’emporte pas. Au milieu des apprentis sorciers, ivres de technologie, il apporte les mots d’une certaine sagesse, un langage de fraternité qui s’accorde aussi bien à la douleur, qu’à l’énergie de l’espérance.
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Dans le catalogue de l'exposition Kijno "Signes et gestes" en hommage à Henri Creuzevault, Galerie Henri Creuzevault, Paris, 1975.
LES BLASONS DE LA MODERNITE
Kijno participe par ses gestes, ses choix, ses amitiés, ses exemples à la vie actuelle. Le peintre fait corps dans ce combat avec l’homme. Et, comme lui, il charge sa peinture de tous ses élans, de toutes ses colères, de toutes ses inquiétudes. Identité totale de l’art avec son contexte social. Mais au lieu de s’arrêter aux particularismes, aux détails, au pittoresque, éléments confortables, complices, démagogiques, Kijno, à travers l’événementiel veut atteindre la dimension de l’univers. Et de l’intemporel. D’où, au-delà de cette modernité que l’on pourrait croire n’être que celle de l’instant, une modernité de tous les temps. Parce qu’elle s’appuie sur la simplification du discours, la densification de l’écriture. KIJNO est moderne comme pouvait l’être un MASACCIO ou un FRANZ HALS. En allant au cœur de l’événement, du sentiment, et non en s’illusionnant de leurs effets et de leurs apparences.